Pourquoi faut-il lire « Chasseurs de matières premières » de Raf Custers ?

Par Clint Zembo NSONSA, militant pour la cause africaine. 

« Chasseurs de Matières premières » est un livre de Raf Custers, historien et journaliste, chercheur au groupe de recherche pour une stratégie économique alternative. Dans son livre, il dévoile comment les matières premières de l’Afrique sont exploitées par les grands groupes internationaux au détriment des populations sur place. La République Démocratique du Congo (RDC) est sans surprise au coeur de cette enquête. Clint Zembo NSONSA, militant pour la cause africaine analyse certains extraits du livre et tente d’éveiller les consciences sur la situation au Congo RDC.

  • Qu’est-ce qui t’a poussé à lire ce « Chasseurs de matières premières » ?

Ce qui m’a poussé à lire ce livre Chasseurs de matières premières de Raf Custers c’est parce qu’en 2015/2016 je devais réaliser un Mémoire de fin d’études dans le cadre de mon Master 2 Social Entrepreneurship et mon sujet était : L’autodétermination des pays détenteurs de matières premières. Je devais donc chercher des informations sur les matières premières afin d’en savoir plus sur ce monde. Et ce livre est tombé à pic car j’ai appris beaucoup de choses sur le monde des matières premières que je ne connaissais pas avant. Je recommande donc ce livre à chaque Congolais, à chaque Africain et à toute personne qui veut en savoir plus sur l’envers du décor du monde des matières premières.

  • En quoi ce livre t’a enseigné sur la situation en RDC ?

Ce livre m’a beaucoup enseigné sur la situation en RDC car on apprend des choses incroyables. En effet, dans ce livre, on apprend en premier lieu que la RDC est complètement pillée par les multinationales, en second lieu qu’il n’y a pas d’Etat au Congo, et en troisième lieu que le peuple croupit sous la misère. Par exemple, Banro, une entreprise transnationale à capital canadien est seigneur et maître d’une énorme portion du territoire congolais car elle a un droit de propriété pour 30 ans soit jusqu’en 2027 et ce droit peut être reconduit pour une nouvelle période. Par ailleurs, Banro construit sa propre centrale électrique avec une capacité de 30 mégawatts mais le courant ne sera destiné qu’à l’entreprise mais pas aux gens de la région. On apprend également que le Congo ne participe en rien au travail car la plupart des chefs sur les chantiers sont des étrangers : des expatriés. Les Congolais constituent donc la piétaille c’est-à-dire qu’ils constituent un ensemble de personnes occupant des fonctions subalternes. Les Congolais gagnent un dixième de ce que gagnent les étrangers. Ainsi, l’exploitation est soufflée à l’économie congolaise. Par ailleurs, on apprend que lorsque des entreprises étrangères viennent s’installer au Congo, les habitants sont obligés de s’en aller. 

Deuxièmement, il n’y a pas d’Etat au Congo car il y a une très grande corruption. En effet, quelqu’un place des hommes à un poste et abuse de son pouvoir pour extorquer de l’argent. Ainsi, si vous avez besoin d’une attestation, il faut d’abord montrer la couleur de votre argent. Si vous devez franchir un contrôle routier, il faut d’abord céder une partie de votre chargement.

Ainsi, en permanence, disparaît un argent qui devrait revenir à l’Etat. On apprend aussi que l’Etat se désengage totalement par rapport à la population avec le fameux Article 15 qui dit : «  Débrouillez-vous ». L’Etat laisse donc les citoyens dans la misère et oblige chacun d’entre eux à subvenir à ses propres besoins. 

Enfin, concernant la misère, une personne interrogée déclare : «  J’estime que, par mois, nous avons huit jours d’électricité.

Légende : Plusieurs creuseurs près de Numbi en RDC. Les gros cailloux représentent le coltan. Photo : Radio-Canada/Frédéric Lacelle
  • Quels sont les trois points importants ou plus s’il y en a ?

Les trois points importants sont les suivants : la RDC est très convoitée, les Etats africains doivent s’inspirer de la Bolivie, et la RDC est appelée à jouer un rôle important dans le développement de l’Afrique.

Premièrement, la RDC est très convoitée et c’est le cas depuis que Diego Cao a découvert le bassin du Congo en 1482. Ainsi, on apprend que Barack Obama avait dit explicitement : «  Le Congo ne peut échapper à notre sphère d’influence ». Depuis son indépendance, le pays n’a pas connu le moindre répit. Tout comme à l’époque coloniale, l’immense appétit demeure en éveil chez les puissants de la Terre. Le Congo possède un sous-sol riche, la deuxième forêt tropicale au monde après l’Amazonie ainsi qu’un bassin fluvial bien alimenté avec de nombreuses ramifications. Pour toutes ces raisons, la communauté internationale occidentale ne lâche pas le Congo. Le pays doit rester disponible pour la politique et les industries occidentales. C’est pour cela par exemple que la guerre a éclaté.  

Par ailleurs, en Décembre 2005, le Congo Act a été introduit par Barack Obama (qui était sénateur à cette époque-là). Pour faire court, le Congo Act charge expressément les Etats-Unis de protéger et surveiller les richesses naturelles du Congo surtout dans l’est du pays. C’est comme si ces richesses naturelles appartenaient aux Etats-Unis. Cela fait penser au président Nixon qui, en son temps, avait mis à l’abri les montagnes de cuivre de Tenke Fungurume pour le moment où l’industrie américaine en aurait besoin.

Deuxièmement, les Etats africains doivent s’inspirer de la Bolivie. En effet, la Bolivie a mis en place toute une stratégie avec le lithium. La Bolivie dit : «  Nous avons le lithium, en premier lieu nous allons l’extraire, le traiter et en faire du métal. En deuxième lieu, nous allons construire des usines de batteries. Et en troisième lieu, nous allons construire des usines de véhicules électriques qui sont nourris avec des batteries rechargeables ». Ainsi, la Bolivie a développé toute une stratégie pour son lithium, pour le transformer et en faire des produits finis. L’Afrique doit s’inspirer de la Bolivie si elle veut s’autodéterminer. Mais la question que je me pose est la suivante : Est-ce que les dirigeants africains ont cette volonté ?

Enfin, la RDC est appelée à jouer un rôle important dans le développement de l’Afrique car c’est le cœur de l’Afrique. Ainsi, la SNEL (société nationale de l’électricité) qualifie le site d’Inga (lieu où est produit le gros de l’électricité au Congo) de «  plus grande puissance disponible en Afrique pour l’Afrique ». Il y a donc un gros potentiel d’électricité sur le site d’Inga surtout avec la capacité hydraulique de tout le bassin du Congo mais ce potentiel n’est pas exploité à 100 %.

  • Quelles sont les solutions préconisées s’il y en a ?

Les solutions préconisées sont les suivantes : s’inspirer de la Bolivie comme je l’ai mentionné ci-dessus. Il faut aussi qu’il y ait une vraie volonté politique des dirigeants africains pour changer les choses et contribuer au bien-être de la population. Enfin, Raf Custers insiste sur le fait que c’est le peuple et lui seul qui doit changer les choses en se révoltant. Je me pose donc la question suivante : Le peuple est-il conscient de cela ? Est-il assez mature pour comprendre que c’est lui seul qui peut changer les choses ? Va-t-il se révolter un jour au vu de la situation catastrophique ? Seul l’avenir nous le dira !

Clint Zembo NSONSA, militant pour la cause africaine

4 réponses à « Pourquoi faut-il lire « Chasseurs de matières premières » de Raf Custers ? »

  1. « Il faut aussi qu’il y ait une vraie volonté politique des dirigeants africains pour changer les choses et contribuer au bien-être de la population… c’est le peuple et lui seul qui doit changer les choses en se révoltant. » La ligne maîtresse, le souci aujourd’hui est de choisir le bon combat, celui de notre développement par nous et pour nous.

    Ceux d’en face (les exploitants) jouent aux échecs et étendent le combat sur tellement de champs que l’on veut à tout prix être partout au même moment.

    Je crois et pense qu’une fois le souci du développement réglé, le respect et les honneurs s’en suivront. L’axe sur lequel se focaliser est bien celui-là.

    Si nous changeons de l’intérieur, dans la mentalité et aussi dans les conflits internes, songeons au bien de tous, ce qui est extérieur va suivre. C’est bien ce que nous apprenne aussi Les évangiles, deux hommes qui ne se mettent d’accord, ne peuvent bâtir ensemble (Amos3:3)

    #UnPassant

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    1. Exactement. Les mentalités doivent changer et le bien-être du peuple doit être une priorité. Les dirigeants africains ont la responsabilité d’agir pour aider la population mais nous ne voyons rien… Nous subissons et essayons de mobiliser comme nous le pouvons.

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  2. A chaque nouvelle sur le Congo, c’est comme un tome de malédiction qui s’ajouterait à un pays que certains pourrait qualifier de « maudit » tant il est exploité par le reste du monde et que l’exploitation des ressources ne bénéficient pas à ses habitants. Les congolais sont-ils souverains sur leur terre? Je ne pense pas. Parler de révolte oui, mais comment voulez-vous mener une révolte le ventre vide et que vous ne voyez pas l’horizon et quand, même vos dirigeants sont des génocidaires….Les lions sont-ils donc tous morts?
    Le Congo, ce grand pays, souffre de la rapacité tant intérieure qu’extérieures d’organes de pouvoirs et d’individus dont le seul but est de s’enrichir sur le cadavre des autres. Capitalisme aidant, nous ne nous mobilisons pas, voir très peu en tant qu’humanité pour faire cesser ce crime.
    Tant que certains n’auront pas compris que la Terre ne leur appartiens pas et que les richesses qu »ils possèdent sont éphémères, malheureusement, le sang et les larmes seront le gré de nations qui n’ont pas les moyens de se défendre.
    Il serait temps de lire/relire Thomas Hobbes……

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    1. C’est exactement ça. Vos propos résument le triste sort du Congo. Je partage votre pensée concernant la mobilisation, on ne se mobilise pas assez pour faire en sorte que des moyens sécuritaires plus efficaces soient déployés pour faire cesser cela.

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