Par Sephora Lukoki Kapinga
A seulement 22 ans, Sarra Fereira, française d’origine ango-congolaise compte déjà 30 créations de mode à son actif. Sarra F est le nom de sa marque. Elle n’a pas perdu de temps. Très tôt, elle connaissait son potentiel et s’y est engagée corps et âme.
C’est au Starbucks de Bibliothèque nationale François Mitterrand que Sarra se confie. Si au début, elle paraît réservée, c’est en parlant de sa marque que son ton change, elle s’ouvre de plus en plus et gagne en assurance. « J’ai toujours eu le projet d’avoir deux postes, travailler pour une entreprise et en même temps avoir une activité créative personnelle » raconte-t-elle. Après avoir effectué un baccalauréat professionnel métiers de la mode et du vêtement à Nanterre, elle poursuit le reste de ses études dans une école privée Studio Mode Paris. « Mes parents étaient un peu réticents, surtout ma mère vu qu’elle est infirmière, elle me voyait plus dans la médecine» ajoute Sarra. C’est en décrochant son Bac avec mention qu’elle parvient à convaincre ses parents. Sa détermination a été la clé.
« Ma première création a engendré mon univers : sportswear chic »
Le hasard fait parfois bien les choses. La première création n’était pas censée voir le jour. «J’affichais mes créations sur mon ancien site sleekline nouvellement appelé bysarraf.com, de fil en aiguille, j’ai pu trouver mon univers sportswear chic ». Vu qu’elle n’avait pas d’atelier, c’est chez elle qu’elle a commencé. « Je me débrouillais avec mes petits moyens » se rappelle-t-elle. «Financièrement, tout dépendait de mes revenus personnels pour la création du site, les fournitures, les cartes de visite, le fer à repasser, le portant, les cintres, le salaire des mannequins et du photographe». Pour s’en sortir, elle arrive à joindre les deux bouts en travaillant dans un magasin de prêt-à-porter pour enfants Cdec en tant qu’employée polyvalente.
Elle présente sa première collection capsule de 8 à 10 pièces à Bastille au Café de la presse. Première vente privée, premier succès, son talent attire. Plusieurs personnes la soutiennent et l’entourent pour travailler avec elle. « Sarra .F, c’est une renaissance » avoue-t-elle, en suivant le conseil de mes amis, j’ai voulu rendre le concept plus compréhensible et sophistiqué». Tout a été redynamisé avec l’aide d’Emilie Luxin chargée de gérer les relations avec les collaborateurs et Yvan Ouedraogo, un de ses amis graphiste qui a dessiné le logo. « Désormais, je ne travaille plus avec des amateurs mais uniquement avec des professionnels, mannequins, photographes… » Le niveau d’exigence a augmenté et l’identité de la marque a pris tout son sens : moderne, neutre et confortable. Pour les accessoires (casquettes, bonnets, sacs), elle les commande en Californie mais pour les tissus, c’est en France.
Création de la 2e collection, présentation au Bon Marché et à l’Hypefest, Sarra enchaîne les événements et se fait connaître
C’est au Bon Marché qu’a lieu la présentation de la deuxième collection printemps-été 2015. Cet événement a séduit une nouvelle clientèle : les jeunes. Sarra F valide son identité. Pour elle, créer des vêtements ne relève plus d’une simple occupation, mais d’un savoir-faire. Les moindres détails sont analysés : la fabrication en France, la main-d’œuvre, les fournitures, le temps passé sur le produit et le prix qui varie de 50 à 400 euros.
Le 29 août dernier, l’Hypefest, un festival de cultures urbaines sollicite Sarra pour exposer sa seconde collection printemps été 2015. L’Hypefest a pour but de réunir les créateurs et artistes en dehors du cadre des réseaux sociaux. Par le biais de ce festival, Sarra rencontre du monde, des blogueuses et d’autres artistes qui souhaitent collaborer avec elle.
Quelques créations Sarra.F :
L’avenir de Sarra.F
Si Sarra F a réussi à gagner en visibilité en France, pourquoi pas à l’étranger ? Dans son viseur, la jeune créatrice envisage la préparation d’une nouvelle collection à Londres. En attendant, elle continue de se perfectionner et envisage de reprendre ses études pour compléter sa formation dans le marketing digital et le management. Sarra fait partie de ces jeunes créateurs déterminés à faire ce qu’elle aime. Pour elle, créer des vêtements c’est « plus un plaisir personnel, pas une quête d’argent». Rendez-vous en avril pour la prochaine collection Sarra F.
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