Par Sephora Lukoki Kapinga
Aujourd’hui, le samedi 6 février 2016, c’est la journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF). Selon l’Organisation des nations Unies (ONU), 200 millions de femmes sont victimes de mutilations.
L’excision aussi appelée mutilations génitales féminines (MGF) consiste à l’ablation du clitoris, selon les coutumes, cela peut s’accompagner aussi de l’ablation des lèvres du vagin et de l’orifice. Cette pratique s’applique majoritairement dans la Corne de l’Afrique, au Mali, en Mauritanie, en Somalie, en Egypte, au Burkina Faso, au Soudan et dans d’autres pays.
Dans ces pays, la mutilation n’est pas interprétée comme un acte de souffrance mais plus comme une obéissance aux traditions, à la culture, un rite d’initiation, une condition préalable au mariage. Ce rite est ancré dans les croyances et il est très difficile de passer outre. Les personnes chargées d’exciser, appelées matrones sont très respectées, même considérées comme des conservatrices de la culture.
Mais entre les personnes qui subissent l’excision et la personne qui la pratique, le verdict est tout autre. Madina Bocoum Daff, coordinatrice depuis 2000 de la lutte contre l’excision peut en témoigner. Sur le plateau du Grand Soir (France 3), jeudi dernier, Madina, d’origine malienne se rappelle encore de la douleur lors de son excision durant son enfance. « La pratique reste un choc, une douleur qu’on garde toute sa vie » raconte Madina. L’opération est effectuée sans aucune précautions médicales ni anesthésie, la souffrance est donc à son comble.
Un engagement acharné

Aujourd’hui, Madina Bocoum Daff continue de lutter contre ces pratiques traumatisantes à la fois physiquement et psychologiquement. Pour tenter d’y remédier, les ONG mettent en place des campagnes de sensibilisation et de reconversion d’exciseuses. Le but n’étant pas d’annihiler leur culture mais de les faire prendre conscience des risques. Dans La Folie et la Mort, et Riwan ou le chemin de sable, l’auteure sénégalaise, Ken Bugul utilise la littérature pour dénoncer les rites, la condition de la femme et leurs combats.
Pour certains pays, le « vagin est vu comme un organe maléfique » d’où l’intérêt de le mutiler. Mais Madina tente de changer les mentalités et parcourt le Mali pour avertir, prévenir, convaincre le maximum de personnes. Elle a conscience que pour les traditions, l’excision a une valeur symbolique. Mais comment continuer une pratique subie dans une douleur insoutenable et dont les conséquences sont irréversibles à la fois dans l’âme et le corps ?
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