Par Sephora Lukoki Kapinga
Le collectif RD Congo a organisé une projection-débat à l’occasion de la sortie du film documentaire « L’Homme qui répare les femmes » de Thierry Michel et Colette Braeckman réalisé par Thierry Michel. Dimanche 21 février, la projection du film s’est déroulée à l’Espace Saint-Michel à 15h50 et a été suivi d’un débat en présence de Paul Nsapu Mukulu, secrétaire général pour l’Afrique de la FIDH (mouvement mondial des droits humains).
Ce film documentaire retrace le parcours d’un homme engagé, Denis Mukwege, mondialement connu et reconnu (prix Sakharov, prix des droits de l’homme des Nations Unies, nominé pour le prix Nobel de la paix…). Médecin gynécologue, il se bat dans son hôpital de Panzi (à Bukavu en République Démocratique du Congo), depuis plus de vingt ans pour réparer des femmes victimes de violences sexuelles inimaginables.
En regardant ce film documentaire, on peut éprouver de la colère et de la rage contre tous ces bourreaux qui ont voulu tuer ces femmes. Mais on peut surtout éprouver de la peine, de la douleur, de la compassion envers celles qui peuvent être nos mères, nos soeurs, nos filles. Leurs témoignages, leurs larmes, leurs colères, leur foi, leur courage ont marqué une trace indélébile dans nos mémoires et dans nos coeurs. Il est impossible de rester indifférent.
L’après-séance a été suivi d’un débat sur le viol comme arme de guerre en République Démocratique du Congo. C’est avec le coeur serré et lourd que je me dirige vers la salle de débat. Je n’ai pas eu de mot pour décrire les abominables atrocités faites aux femmes. Ces images m’ont bouleversées. « Comment ont-elles fait pour survivre ? » C’est la question qui me vient à l’esprit. : « Cela aurait pu être moi, mes parents sont originaires de la RDC, ils ont émigré en France dans les années 80. Mais les choses auraient pu se passer différemment… »
Mais au-delà de la souffrance, je ne peux qu’admirer ces femmes parce que la souffrance n’a pas tué leurs ambitions et leurs rêves. Dans le documentaire, malgré le traumatisme physique et psychologique, ces femmes n’ont pas choisi le suicide, elles ont choisi la vie. Elles continuent d’entreprendre et de sourire. Avec un suivi psychologique assuré par Denis Mukwege, elles relativisent et croient en un avenir meilleur.
Le débat

Le public entre l’émotion et la colère exprime son ressenti. « Ce qui se passe au Congo, c’est atroce, je remercie le Docteur Mukwege d’aimer la femme congolaise, d’aimer l’humanité » dit une jeune femme très touchée. Une série de questions est posée à l’intervenant Paul Nsapu Mukulu, secrétaire général pour l’Afrique de la FIDH (mouvement mondial des droits humains).
Les questions sont à la fois liées à la justice, à la situation politique de la RDC mais aussi à la responsabilité de chacun d’agir. Ce qui revient le plus souvent : « Où sont les hommes lorsque les viols arrivent? Est-ce que nous allons pouvoir vivre en paix en RDC ? Pourquoi Denis Mukwege a-t-il été reçu partout sauf en Afrique? Docteur Mukwege a-t-il des ambitions politiques ? Pourquoi les criminels ne sont jamais traqués? Comment aider les victimes ? Y a t-il du changement en RDC depuis l’implication des casques bleus? »
Le secrétaire général pour l’Afrique de la FIDH, Paul Nsapu Mukulu a tenté de répondre à la majorité des questions. Il a affirmé que « le problème en RDC c’est le manque d’un état de droit, la vie du congolais est parsemée de violations des droits de l’homme. Mais il y a des Denis Mukwege dans presque tous les villages. C’est le moment pour nous de lutter contre l’impunité et pousser la CPI (Cour pénale internationale) à se prononcer sur ces crimes. Il faut exiger des sanctions ciblées contre les commanditaires de crimes. Mais nous croyons et continuerons de croire en la résilience du peuple congolais. »
Ce film documentaire est une leçon de vie et un appel à la mobilisation pour lutter contre tous types de violences faites aux femmes. Pour aider les victimes, le secrétaire général pour l’Afrique propose de créer des passerelles de solidarité à partir de la France.
« Jeunesse, mets-toi debout, prends conscience, mobilise-toi! » lance le défenseur des droits de l’homme.
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