Commémorer l’abolition de l’esclavage en impliquant la jeunesse

Par Sephora Lukoki Kapinga.

Un collégien lit un extrait de l’œuvre fondatrice d’Aimé Césaire « Cahier d’un retour au pays natal »

Le 10 mai marque la journée nationale des mémoires de la traite et de l’abolition de l’esclavage. A Chevilly-Larue (Val-de-Marne), on commémore pour la troisième fois l’abolition de l’esclavage avec la participation des élèves.

Informer, conscientiser et partager

Monsieur Favreau, professeur de français au collège Jean Moulin est l’initiateur de la commémoration de l’esclavage accompagnée des élèves à Chevilly-Larue (94). Suite à un intérêt des élèves de quatrième sur le thème de l’esclavage, il a jugé bon de leur permettre de s’impliquer davantage. « En 2013 puis en 2015, nous sommes allés à Nantes. C’est en 2015 que j’ai proposé à la mairie de commémorer le 10 mai en lien avec les élèves ; et c’est la 3ème année que cela se fait, dans une démarche pédagogique et citoyenne qui implique les élèves de 4ème dans un projet interdisciplinaire qui s’étale sur l’année scolaire » explique le professeur fort satisfait.  Les élèves se rendent à Nantes, lieu primordial dans l’histoire de la traite des Noirs au XVIIIe siècle avec le port négrier. Pendant deux jours, ils découvrent le lien entre Nantes et l’esclavage ainsi que le mémorial qui porte un message universel celui de la solidarité et de la fraternité pour les futures générations.

« La ville de Nantes a assuré près de la moitié du commerce triangulaire en France, jusqu’au XIXème siècle et notamment après l’interdiction du commerce négrier après 1815 » raconte le professeur de Français, ancien étudiant de l’Université de Nantes. « La nouvelle de Prosper Mérimée, « Tamango », parue en 1829, met en scène un capitaine nantais bravant la loi pour s’enrichir ; cette nouvelle montre les rapports de complicité entre les Européens et des Africains qui profitaient du système au détriment de leurs propres populations » explique Monsieur Favreau.

En présence de la maire de Chevilly-Larue Stéphanie Daumin, des conseillers municipaux, de plusieurs élus et des Chevillais, des groupes d’élèves de quatrième des collèges Jean Moulin et Liberté ont exprimé leurs impressions sur l’esclavage. Un mur d’expression a été mis en place par le service municipal de la jeunesse pour qu’ils partagent leurs ressentis.

Le poids du passé et la responsabilité

Depuis 25 ans, l’association « les anneaux de la mémoire » réalise un travail de fond plus que considérable pour faire émerger l’essentiel de la mémoire du passé négrier.Le mémorial de Nantes aussi permet de se souvenir de ce lourd passé et c’est aussi un devoir de mémoire. La ville est jalonnée de onze panneaux dédiés à la traite négrière. C’est par le biais de plusieurs exposés et recherches lors des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) que les élèves ont effectués un travail de fond pour se familiariser avec ce sujet.

Spontanément, les élèves ont choisi de travailler sur ces thèmes : les mutations sociales, politiques, culturelles et économiques, le bouleversement de l’esclavage dans les sociétés, la lutte pour les droits civiques aux USA au XXème siècle avec Martin Luther King, Malcolm X, Rosa Parks et Ruby Bridges. La situation en Haïti, deux siècles après l’indépendance / Le créole / Le jazz / Les luttes pour les droits civiques aux USA au XXème siècle / Le vaudou / Les formes de l’esclavage moderne / Le rastafarisme / Le mouvement de la Négritude conduit par Aimé Césaire comme forme de résistance.

« Troubles , cris , horrible soif de l’or qui dans le sein de l’abondance cherche un nouveau trésor« , cite un élève pour résumer à sa manière la situation de la traite négrière. Affiches, chorale, hymne national, récitation de textes écrits par les jeunes devant le public afin de prouver leur implication dans la commémoration de cette journée nationale.

« En finir avec les hontes de l’esclavage »

Charlotte Régina, Maire adjointe déléguée à la lutte contre les discriminations

C’est l’une des citations du discours de Charlotte Régina, Maire adjointe déléguée à la lutte contre les discriminations. La traite négrière est un crime contre l’humanité. La ville de Chevilly-Larue œuvre donc pour le dialogue, la mixité sociale et la lutte contre les discriminations

Selon la maire adjointe, il est nécessaire « d’être en capacité de résister et de refuser toutes dérives sectaires. » En tant qu’homme et femme conscients de toutes ces réalités, il est de notre devoir de résister à notre échelle. Notre foi en la liberté et la lutte contre les oppressions doivent être le socle de notre combat pour la justice.

Concluons par une citation d’Aimé Césaire mentionnée par Charlotte Régina : « Je refuse de désespérer , j’ai toujours un espoir parce que je crois en l’homme. »

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