Par Sephora Lukoki Kapinga.

Boxe, football, musique… les artistes africains et afro américains célèbrent les années 70.
Valoriser leur pays d’origine , le Zaire devenu Congo RDC, et les années 70. Le jeune trio belge, Roberto, Johanna et Cassie ont gagné leur pari : bâtir une grande exposition artistique sur une période qui a marqué les esprits. Notamment le 30 octobre 1974 avec le combat du siècle entre Mohammed Ali et George Foreman. Un événement planétaire à l’initiative de l’ancien chef d’Etat Mobutu Sese Seko au Zaïre. Ce dernier avait décidé de mettre en avant son pays et aussi montrer que l’Afrique est en marche.
L’engagement de la jeune diaspora congolaise
Les organisateurs ont fait appel à un panel de jeunes artistes parisiens et belges. Eyaba, Kathy, Jennifer et Sephora ont contribué par la peinture et l’écriture. « Ce projet est l’occasion de montrer que le Congo ne se limite pas à la guerre » témoigne Kathy Dasilva, 23 ans, étudiante en deuxième année dans une école de mode à Bruxelles. Jennifer, elle, parle d’une « déclaration d’amour au Congo ». C’est sa première exposition. Sur chacune de ces toiles, l’artiste parisienne raconte la période Zaïre 74 avec des détails uniques et une technique propre à elle. Ajout de tissu, bombe lumineuse, sa créativité débordante a subjugué les regards.
La culture et le sport : au coeur du rayonnement du Zaïre
Si l’art a su produire un effet positif, alors qu’en est-il du football avec les Léopards? Vainqueur de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations) la troisième année, le Zaïre est le seul représentant du continent africain lors de la Coupe du Monde de 1974. Mwepu Ilunga, l’un des joueurs est d’ailleurs représenté dans un tableau de l’exposition peint par Kathy. Pour la petite histoire, le joueur s’est illustré de la plus étonnante des manières à l’occasion d’un coup-franc en faveur des Brésiliens. Lors de ce match, les léopards perdront 3-0. Pas de quoi être fier mais l’attention est focalisée sur Mohammed Ali et la crème des artistes présentes. Tabu Ley, Abeti Masikini, Franco & l’OK Jazz, Manu Dibango, Miriam Makeba, et d’autres encore. Sans oublier James Brown, BB King qui ont su faire vibrer le stade Tata Raphaël avec des sonorités explosives. L’exposition Zaïre 74, c’est aussi un moyen de rappeler à toutes les générations l’histoire. « Je connaissais le combat de Mohamed Ali mais j’ignorais le reste. C’est une période extraordinaire», révèle Grâce Elohim, 19 ans, étudiante en communication à l’université Libre de Bruxelles.

Ils ont également mis en lumière plusieurs souvenirs de l’époque, des archives de billets de la monnaie Zaïre, des tickets d’entrée pour le match de boxe, des articles, des photographies, des reproductions des maillots des Léopards et d’autres souvenirs.


L’importance du sport
Le 30 octobre 1974, c’est parti pour le combat le plus légendaire de la boxe ! « The Rumble in the Jungle » (Le grondement de la jungle). Organisé par le promoteur Don King et le président Mobutu, ce match a eu une renommée internationale. Mohamed, favori des Zaïrois, est accueilli comme la superstar. Notamment pour son attachement à ses racines africaines, ses convictions personnelles, son choix de ne pas porter son nom américain « Cassius Clay », ainsi que son opposition à la guerre du Vietnam.
Au stade Tata Raphaël, devant 100 000 spectateurs, en huit rounds, Ali triomphe et retrouve son titre de champion du monde poids lourd.
Les Léopards du Zaïre représentent l’Afrique à la Coupe du monde

Côté football, l’équipe du Zaïre est qualifiée pour la phase finale de la Coupe du Monde 1974 en Allemagne. Vainqueur de la Can (Coupe d’Afrique des Nations) la même année, le Zaïre est le seul représentant du continent africain. C’est le troisième pays d’Afrique participant à la Coupe du Monde, après l’Egypte en 1934 et le Maroc en 1970.
Pour assurer la victoire des Léopards, Mobutu met tout en œuvre : envoi de féticheurs, cadeaux aux joueurs, achat de voitures, d’appartements et deux semaines de vacances. Malheureusement, ils perdent 2-0 contre l’Écosse dès le premier match. Score moins grave que le match contre la Yougoslavie. Les joueurs, privés de leurs primes, étaient en effet en grève et ont refusé le jeu, encaissant par la même occasion neuf buts, sans aucun marqué.
Une tribune pour les jeunes artistes
Il a fallu seulement trois mois à Jennifer, l’une des artistes, pour peindre ses œuvres. C’est sa première exposition et son art a bluffé les visiteurs. Autodidacte, elle craignait les réactions. Mais les retours ont été positifs. La voilà rassurée. Focalisée sur l’art abstrait, son thème principal, bien qu’elle n’y soit jamais allée, c’est le Congo (RDC) mais aussi la femme. Son art est « une déclaration d’amour au Congo, comme elle le résume si bien. Je veux révéler au monde que la RDC a des choses positives à montrer ».

L’engagement de tous ces artistes semble contagieux. Et l’exposition Zaïre 74 est une fantastique tribune. Il y a comme une envie d’être utile et d’agir pour le pays. Pour certains d’entre eux, c’est un devoir, une responsabilité de parler et d’honorer le Congo. « La jeune diaspora parle et présente son histoire. Avant c’était peu commun », souligne Junior Goss, manager de l’artiste Jennifer Sivi.

« Ce projet est l’occasion de montrer que le Congo ne se limite pas à la guerre, ajoute Kathy, 23 ans, étudiante en deuxième année dans une école de mode, artiste, peintre, chanteuse de soul et R’n’B. » Parmi les œuvres de la jeune artiste, une toile sur James Brown et une sur le joueur de football, Mwepu Ilunga. Pour la petite histoire, lors d’une confrontation entre le Brésil et le Zaïre, le joueur Mwepu Illunga s’est illustré de la plus étonnante des manières. À l’occasion d’un coup-franc en faveur des Brésiliens, le défenseur, vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations en 1974 avec le Zaïre, et de deux coupes d’Afrique des clubs champions avec le Tout Puissant Mazembe, court en direction du ballon et le propulse à l’autre bout du terrain. Le coup-franc n’ayant pas encore été joué. Un geste original avec pour objectif de gagner du temps et de ne pas aggraver la marque (le score était alors de 3-0). Stratégie payante, le score n’a plus bougé.
Revaloriser l’image du Congo
« J’ai connu cet événement grâce à Roberto, co-fondateur de Congo Travel, révèle Grâce Elohim, 19 ans, étudiante en communication à l’université Libre de Bruxelles. C’est une exposition très intéressante et variée, entre le football, la musique et différents types d’art. Je connaissais le combat de Mohamed Ali mais j’ignorais le reste. C’est une période extraordinaire donc c’est important de s’en rappeler. Je considère que l’on ne parle pas assez du Congo de façon positive. Au contraire ! Souvent une mauvaise image nous est associée à cause de la politique, la souffrance des populations… Zaïre 74 est une redécouverte du Congo. »

Cette mauvaise image colle injustement à la peau du pays selon Noah, lycéen de 17 ans. « On parle souvent de Mobutu de façon péjorative mais d’un point de vue culturel, c’est lui qui est à l’initiative de tous ces événements, aujourd’hui retranscrits avec Zaïre 74.»
L’exposition Zaïre 74 se déroule jusqu’au 31 mars 2019 à la galerie Bog-Art, 18 rue des Bogards, 1000 Bruxelles.
Tarifs : 4,50 € – étudiant : 3 €
Plus d’informations sur leurs pages Instagram :
https://www.instagram.com/expozaire74/
https://www.instagram.com/congotraveldrc/
Retour en images sur l’exposition :

















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