Harry Roselmack présente son premier film « Fractures » qui sort en DVD

Propos recueillis par Sephora Lukoki Kapinga.

À l’occasion de la sortie en DVD de son premier film, « Fractures », le journaliste Harry Roselmack prône le dialogue, l’échange pour désamorcer les radicalités. Interview avec le présentateur, de passage à Lille pour une séance de dédicace.

@HTO Productions

Comment vous est venue l’idée de vous lancer dans la réalisation de ce film ? Ça vous a pris du temps ?

L’idée ne venait pas de moi. C’est un ami qui m’a dit : « viens on fait un film ! » En une dizaine de jours, j’ai posé une première arche narrative avec le cœur de ce qui fait ce film. L’écriture a commencé en mai 2015, on a tourné en mars 2016 et le film est sorti pour la première fois en octobre 2017.

Pourquoi le thème de la fracture ?

C’est une thématique qui me semble importante et urgente. Depuis longtemps, certains responsables politiques ont identifié la fracture sociale sans vraiment s’intéresser à la racine du mal. Je fais référence notamment à la campagne de Jacques Chirac en 1995, la fracture s’est considérablement accrue et c’est un risque majeur pour notre société. Il y a plein de conséquences très graves, des radicalités différentes qui sont en train de se nourrir dans ce pays.

Est-ce que le film est une réponse face aux dérives radicales ?

Oui, cela fait partie des objectifs. Les gens qui basculent dans la radicalité restent des êtres humains, mais dont le psychisme est étouffé par une idéologie qu’on leur a mise dans le crâne. Mais rien n’est immuable. Il faut du dialogue. Je ne dis pas qu’il faille aller voir tous les radicalisés et prendre le thé avec eux, je dis qu’il ne faut pas en faire un tabou mais un débat global. La racine du problème, c’est la frustration et la peur. Si on arrive à comprendre ce qui génère la peur et la frustration, on arrivera peut-être à faire baisser toutes ces dérives radicales.

Dans une scène entre l’actrice principale, Fariha, et sa mère, vous abordez le thème des inégalités sociales. Sa mère lui rappelle son identité, sa couleur et sa condition modeste. Est-ce que le droit au rêve est encore possible quelle que soit son origine sociale ?

Dans ce film, il y a pleins de sujets, comme celui des violences faites aux femmes et il y a aussi ce sujet de l’assignation à résidence qu’on a encore dans ce pays et dont on est parfois soi-même victime. On pense que parce qu’on vit dans un certain quartier, parce qu’on est de telle ou telle origine, il y a des choses qu’on ne peut pas faire. C’est une idée qu’il faut battre en brèche et qu’il faut briser.

Pourquoi avoir utilisé la caméra subjective pour votre film ?

Cela me semblait important de le réaliser de cette manière. J’ai pris ce risque notamment pour des raisons de fond. Je voulais que le téléspectateur se plonge immédiatement dans la vision des personnages. Ce qui était important pour moi, c’est que cette image subjective nous renseigne aussi sur l’état émotionnel du personnage.

Un choix audacieux mais qui pouvait peut-être effrayer les diffuseurs. Je pense notamment à Netflix, à qui vous aviez proposé le film. Pourquoi ça n’a pas abouti ?

À l’époque, il m’avait répondu que ça ne faisait pas partie de leur ligne éditoriale.

Vous n’avez pas eu peur que ça plombe la promotion de votre film ?

Ah non ! Il n’y a eu aucun problème sur la qualité de la production. On a d’ailleurs été récompensé pour un prix dans un festival à New York et on a même été sélectionné dans une compétition au festival de Cannes de l’an dernier. On est vraiment très fiers de ce film, de sa qualité et des retours des téléspectateurs.

Vous qui êtes, dans un sens, « novice » dans la réalisation de film, auriez-vous des conseils à donner aux jeunes qui souhaiteraient se lancer et qui n’ont pas beaucoup de moyens ?

Il faut y croire et persévérer. Ce film avait toutes les chances de ne pas arriver au bout mais nous y sommes parvenus parce qu’on avait foi en notre projet. En tant que film indépendant, on était limité sur le plan financier. On avait beaucoup de contraintes liées à l’argent. Mais en vérité, un film ne se résume pas seulement à l’argent que l’on y injecte. Avec de la conviction et beaucoup de volonté, on peut réaliser de grande chose. Et c’est ce qu’on a fait !

La Bande-Annonce du film : 

Ce film est dédié à Clarissa Jean-Philippe, policière municipale martiniquaise de Montrouge abattue en 2015. Il est disponible sur : www.fractureslefilm.com

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