Denis Mukwege reçoit le titre de Docteur Honoris Causa de l’Université de Rennes 2

Par SLK News

« Ce n’est qu’avec cette vision holistique de la justice que chaque société pourra avancer durablement sur le chemin de la paix qui est la grande aspiration de toutes les survivantes de violences sexuelles à travers le monde » a déclaré le Docteur Denis Mukwege lors de la cérémonie du titre de Docteur Honoris Causa à l’université Rennes 2.

Connu sous le nom de l’homme qui répare les femmes, titre du documentaire du réalisateur Thierry Michel, le parcours et l’engagement du Dr Mukwege en faveur des droits humains forcent l’admiration. Ce moment de reconnaissance devant un public très attentif a été encore une fois l’occasion de rappeler le sort des femmes victimes de violences sexuelles et l’urgence de mettre en place une véritable justice. 

« Tel est le sens de nos efforts de  plaidoyer  pour la mise en oeuvre de recommandations du Rapport Mapping publié il y a déjà douze ans par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme et pour l’adoption d’une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle incluant l’établissement d’un tribunal pénal international » a rappelé Dr Denis Mukwege.

« Construire là où d’autres s’emploient à détruire » Christine Rivalan Guégo, présidente de l’Université Rennes 2

En RDC, le viol est utilisé comme arme de guerre. Depuis près de trois décennies, des femmes, des enfants sont violés de façon systématique afin de saccager le tissu social et la nation. Cette stratégie barbare perdure malgré les alertes, manifestations du prix Nobel de la Paix et de la société civile qui réclament la fin de l’impunité.

Pour la consolidation d’un avenir où la paix règne, la justice est indispensable. « Les victimes ont non seulement droit à des soins holistiques de qualité mais aussi droit à la justice, à des réparations, et à des garanties de non-répétitions des viols. Ces femmes vivent dans la peur et dans la peur, elle ne peuvent pas s’émanciper » a dit le Dr Mukwege. Un discours d’une trentaine de minutes très puissant qui s’est terminé par une longue standing ovation.

Cette distinction s’ajoute à celle reçue à Bruxelles par la faculté universitaire de théologie protestante dans la même semaine lors du colloque universitaire inaugural organisée par CARES, centre for afro-european and religious studies.

Crédit comité de se soutien du Dr Mukwege : Cérémonie de remise du titre de diplôme honoris causa de la faculté universitaire de théologie protestante à l’hôtel de ville de Bruxelles

La force des femmes : agir sans relâche pour un avenir meilleur

La cérémonie a été précédée par une table ronde sur le livre « la force des femmes » de Denis Mukwege publié l’année dernière suivi d’une séance de dédicaces.

Séance de dédicaces du livre « La force des femmes » du Dr Denis Mukwege au Tambour à Rennes.

Cet ouvrage autobiographique est un hommage aux femmes survivantes, aux femmes qui l’ont soutenu, marqué par leurs témoignages, éduqué et montré la voie comme sa mère qui l’a toujours poussé dans sa vocation. Cet échange a été modéré par Christine Rivalan Guégo, présidente de l’Université Rennes 2 accompagnée de plusieurs intervenants dont Florence Binard, professeure des universités civilisationniste, Université de Paris, Valeria Pansini, maitresse de conférences historienne, université Rennes 2 et Michel Prum, professeur émérite à l’Université de Paris, historien des idées.

Une discussion profonde et riche qui a permis de revenir sur la condition des femmes victimes de violences sexuelles et ce paradoxe qui est l’absence de justice. « Toutes les 6 minutes, une femme serait victime de viols ou d’une tentative de viol selon la Fondation de France et seulement 1% aboutisse à une condamnation pénale » constate avec regret Florence Binard. En RDC, on compte des millions de femmes violées, près de 70 000 sont soignées à l’hôpital Panzi, fondé en 1999 par le Dr Mukwege.

Des statistiques qui révèlent l’omniprésence du viol dans nos sociétés. Cet échange a aussi découlé sur les points suivants : le poids porté par la victime qui est souvent blâmée, rejetée, l’absence de remise en cause de la masculinité toxique, l’éducation comme clé, l’importance de repenser nos rapports à l’autre, nos rapports aux corps, l’instruction des femmes…

Parmi les solutions évoquées : le droit, les valeurs à défendre, les droits humains, le rôle des institutions, des Etats, de la société civile qui sont tous coupables et doivent donc davantage se mobiliser pour un réel changement. « Une émotion qui n’est pas suivie d’une action ne sert à rien » une citation tirée de « La force des femmes » de Dr Mukwege et reprise par Florence Binard pour conclure son intervention. Un rappel pour insister sur l’importance de passer à l’action et d’apporter sa contribution aux défis majeurs dont l’humanité fait face car les droits humains nous concernent tous. Le 25 novembre représente la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Une date pour encore sensibiliser sur les atrocités dont les femmes sont victimes.

Sans oublier le devoir de mémoire. « Une société sans mémoire est une société qui risque de revivre les affres de la violences » a précisé le Dr Mukwege. « Plus jamais ça », car les futures générations ne sont pas condamnées à revivre les atrocités du passé. Ces mots du Docteur Mukwege représentent un avertissement pour envisager le futur autrement et se préserver d’une « amnésie de l’histoire » comme l’a exposé Renée Dickason, marraine de la soirée, professeure en civilisation et histoire contemporaine – histoire culturelle et médias britanniques de l’Université Rennes 2c co-directrice de l’Anthologie vivante sur les Mémoires de guerre et de Mélanges en hommage au Pr. Dr Denis Mukwege en 2020.

En ajoutant dans son discours la nécessité de « rendre visible l’histoire des invisibles, des oubliés, des écartés, nous construisons nos travaux sur les récits de survivantes pour collecter et préserver les traces et uniques permettant nous l’espérons de se prémunir d’une possible amnésie de l’histoire. Un mémorial virtuel sera mis en place , ce sera un espace de parole rendant aux témoins victimes devenus des archives vivantes des femmes histoires leur identité individuelle mais aussi leur identité communautaire et sociale. Les mots et les maux, les voix des survivantes, l’écriture de leur histoire, la médiatisation de leur résilience contribueront peu à peu à une avancée sociale, culturelle, humaine, humaniste et humanitaire certaines mais aussi à créer des lieux de mémoire, des lieux de débats nécessaires et indispensables dans une logique de changement qu’il est urgent d’appuyer… » R. Dickason.

Un extrait du discours Madame Dickason est disponible sur la page Facebook : https://www.facebook.com/slkaanews/videos/8204793026228656/

La cérémonie s’est ainsi achevée par les éloges de Renée Dickason, professeure en civilisation et histoire contemporaine – histoire culturelle et médias britanniques et Jean-Philippe Harlicot, gynécologue au CHU de Rennes, qui a su apporter une touche d’humour tout en revenant sur le travail remarquable du Dr Mukwege en proposant un traitement holistique.

Enfin, la présidente de l’Université a rappelé que l’établissement de recherche s’inscrit dans une volonté de « contribuer au développement des solidarités entre les peuples dans une perspective d’humanisme et de paix ».

Pour clôturer, Aurore et Laura Le Goff ont interprété le premier mouvement de La Sonate en ut dièse pour saxophone alto de Fernande Decruck et Lalai de Barbara Heller.

Suivez l’intégralité de la remise de diplôme sur le site de l’Université de Rennes 2 : https://nouvelles.univ-rennes2.fr/article/denis-mukwege-docteur-honoris-causa-luniversite-rennes-2?fbclid=IwAR1MUMGrkUCyHe9LhhmWXb41HF9SCNn4B9RtQyNpHSljxiAhRZOFQ0F9zjI https://nouvelles.univ-rennes2.fr/article/denis-mukwege-docteur-honoris-causa-luniversite-rennes-2?fbclid=IwAR1MUMGrkUCyHe9LhhmWXb41HF9SCNn4B9RtQyNpHSljxiAhRZOFQ0F9zjI

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