Par SLK News
« Certaines personnes rentrent le soir chez elles et n’ont rien à manger, c’est ça qui les pousse à manifester » explique Betty, conductrice chez Uber à Nairobi. La hausse du coût de la vie au Kenya est une des revendications principales. L’opposant Raila Odinga a d’ailleurs lancé les appels à la mobilisation en se basant sur cela et sur les irrégularités électorales.

De nombreux chômeurs, commerçants, tailleurs, coiffeuses révoltés sont unanimes sur le coût de la vie. « Tout est devenu cher et c’est pire depuis l’arrivée de Ruto » affirme une coiffeuse enfermée dans son salon à Imaara en attendant la fin de la manifestation du 30 mars. Lors de l’arrivée d’un convoi, celui de Raila Odinga selon des manifestants, il y a eu un immense mouvement de foule. S’ensuit des tirs, des lancements de bombes lacrymogènes, des cris, des affrontements…
Enfermée dans le salon de coiffure avec les femmes, l’une d’entre elles bloquent la porte avec des serviettes à cause de l’odeur des gaz lacrymogène, des pierres sont lancées sur le toit et le bruit qui retenti est très violent. Les femmes toussent à tour de rôle, d’autres se rincent le visage, il n’y a aucune fenêtre, nous sommes cinq femmes dans le salon et l’odeur de la fumée se répand dans la pièce. La coiffeuse continue tout de même de s’occuper de ses clientes en leur faisant des tresses. Je demande aux femmes ce qu’elles pensent de cette manifestation et si elles participent aussi. Elles me répondent que « depuis l’arrivée du président William Ruto, la vie est devenue très chère ».
A l’extérieur, les cris, les tirs ont duré près de 2h30. J’ai tenté d’appeler Betty, celle qui m’a déposé mais elle m’a dit qu’il était impossible de revenir. « Ici, les manifestants ne sont pas comme dans ton pays » m’a-t-elle lancé avant de me déposer à Imaara deux heures plus tôt. Pour elle, au vu des risques et de la violence accrue, il était presque hors de question d’y participer. Plusieurs contacts m’ont averti de ne surtout pas mettre un pied dehors lors des protestations.
Lorsque nous sommes arrivés dans la ville d’Imaara, en voiture avec la conductrice, plusieurs manifestants ont couru derrière le véhicule. Betty m’a donc déposé un peu plus loin et je suis remontée à pied jusqu’à atteindre une partie de la foule afin de leur demander ce qu’il se passait. Des jeunes sont rassemblés dans la rue et attendent. Un peu plus loin, un dispositif de policiers avec des camions très imposants a été déployé.
Mais d’un coup, dès l’arrivée de deux énormes convois, ceux de Raila Odinga, d’après certains, de nombreuses personnes courent dans tous les sens et cherchent un endroit pour se mettre être à l’abri. Plusieurs commerces sont fermés pour éviter les casses. Depuis deux semaines, les lundis et les jeudis, les manifestants sortaient dans les rues pour protester contre la vie chère.
Depuis une semaine, la mobilisation est suspendue, le chef de l’opposition, Raila Odinga compte dialoguer avec le gouvernement. Au total, près de quatre personnes ont perdu la vie depuis le début des manifestations.
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