« Celui qui travaille les consciences peut libérer un peuple » Focus sur Stéphane Dos Santos, président du média panafricain l’Africaine Vision International

Par Kapinga-Sephora Lukoki

Transmission, vision, passions, Stéphane Dos Santos, président- fondateur du média panafricain l’Africaine Vision International se livre à SLK News. Il revient sur la naissance de sa plateforme et ses ambitions politiques en Angola. Conscient de sa mission, Stéphane a choisi le vecteur des médias pour être un acteur du changement. Son regard sur l’Afrique a été aiguisé très tôt par sa famille en particulier son père et son oncle maternel, le cinéaste Dom Pedro. Histoire, figures emblématiques du continent africain, enjeux socio-politiques, un univers qui a su tracer en lui cet intérêt pour ses racines et cette volonté de s’investir sur ce chemin d’une Afrique racontée autrement.  A chacun de ses discours, l’amour de l’Angola s’entend et se traduit par des récits entre ses souvenirs d’enfance et les anecdotes des modèles de son existence.

Cette casquette d’ambassadeur, il l’a porte avec beaucoup de sérieux et sait parfaitement vers quelle direction il souhaite orienter l’avenir de son média. Eveiller les consciences, partager des connaissances et créer du contenu instructif afin de susciter plus de réflexion et d’action des lecteurs. Les collaborateurs de son média vivent en France, au Sénégal, au Congo et en Belgique. Le visionnaire a su fédérer une communauté engagée autour d’un seul cri du coeur : restaurer l’image de l’Afrique.

Stéphane Dos Santos, président- fondateur du média l’Africaine Vision International en juin 2023 à Paris.

Qui es-tu ? 

Je suis Stéphane Dos Santos, un jeune originaire de l’Angola. Je suis né en région parisienne et je suis diplômé de l’Université de Lille en management des échanges internationaux. J’ai aujourd’hui la chance de travailler dans l’univers de la presse et de la politique européenne. Aussi, j’ai créé ma propre structure, un média panafricain : l’Africaine Vision International qui se lit en anglais.

Comment est née l’idée de créer un média ?

Je suis originaire d’une famille dont certains membres ont une histoire avec la “chose” politique. Mon père m’a appris très tôt l’histoire de l’Angola, de la République démocratique du Congo ainsi que les enjeux géopolitiques de l’Afrique. Dès mes 8 ou 9 ans, je regardais déjà des reportages comme « Mobutu : Roi du Zaïre« , des documentaires sur Jonas Savimbi en Angola… Au lieu de me laisser regarder des mangas et autres dessins animés, mon père me parlait d’Holden Roberto, l’un des pères de l’indépendance angolaise et ancien président du parti Front national de libération de l’Angola (FNLA), de Thomas Sankara, du livre “Les damnés de la terre” de Frantz Fanon…etc. Indirectement, en me transmettant l’histoire politique de l’Angola et de l’Afrique, mon père a semé en moi ce qui est en train de fleurir aujourd’hui.

L’Afrique dont m’ont parlé mes aînés était différente de celle projetée par les médias occidentaux. Il m’était évident de redorer le blason de l’Afrique via les médias car ces derniers ont un grand impact sur les populations et les générations. Hitler a utilisé les médias pour endoctriner la jeunesse et répandre son idéologie. Ce que je veux montrer en citant cet exemple c’est la puissance des supports d’information et l’importance des messages véhiculés. Transmettre des informations réelles sur les ressources, les enjeux, les défis et l’Africain lui-même est indispensable.

Pourquoi le nom l’Africaine vision international a-t-il été attribué au média ?

Je suis le neveu de l’un des plus grands cinéastes africains, de renommée internationale : Dom Pedro. C’est quelqu’un qui a façonné beaucoup de choses en moi, c’est aussi mon mentor. Un jour, il m’a raconté qu’il avait créé (avec des amis) un journal en France intitulé “l’Angolaise” dans un contexte où l’Angola était en guerre dans les années 70 ou 80. Cette anecdote m’a marquée, surtout le nom du journal “l’Angolaise”. Aussi, j’ai toujours eu une admiration profonde pour l’être fascinant qu’est la femme.

En dehors de ma mère, l’une des premières figures féminines qui a marqué mon existence, c’est ma grand-mère paternelle. C’est la première femme que j’ai vu débarquer en Europe en provenance d’Afrique. Je me souviens encore de ses pagnes colorés, de sa voix, de sa ressemblance avec mon père, et je suis le portrait craché de mon père, donc ma défunte grand-mère occupe une place particulière dans ma mémoire. Elle est née un 17 juillet dans la province de Uige, au nord de l’Angola. J’ai donc lancé ce média le 17 juillet 2021 pour lui rendre un hommage éternel en choisissant le nom « L’Africaine ».

Comment votre média se démarque-t-il ?

Notre plateforme couvre tous les domaines. Notre parti pris est de ne pas parler uniquement de culture. Nous voulons un électorat très large et que des personnes engagées se lèvent. Au Gabon, par exemple, nous avons souligné il y a quelques mois les « dérives » de Perenco, une compagnie pétrolière franco-britannique qui pollue l’environnement sur la côte ouest du pays, dans la région de Port-gentil, au détriment des pêcheurs et de la population locale. Nous parlons de politique, d’économie, de culture et de sport, car les artistes et les sportifs font rayonner le continent africain grâce à leurs talents.

On met en avant ces entrepreneurs que je surnomme “les lumières de notre continent”, qui par leurs activités honorent l’Afrique. On travaille de façon stratégique afin de matérialiser notre vision. On a un business plan, on a un modèle économique et on a une réelle vision. Mon expérience actuelle dans la presse politique européenne me permet de solidifier le projet de l’Africaine Vision International.

Quelles sont les thématiques abordées et le format ? 

Le pôle audiovisuel est en préparation. Cela va nous permettre de réaliser les émissions très prochainement. L’équipe est très diversifiée. J’ai engagé la première cuvée de journalistes de notre média : Alexandre d’origine gabonaise, Rebecca et Edith d’origines congolaises basées en France, Raïssa qui vit au Sénégal, Ephraïm est à Kinshasa, Gloria Mukolo qui est désormais mon associée, c’est une journaliste rwando-congolaise de Bruxelles qui a travaillé pour la chaine belge RTBF, il y aussi Félix notre photographe officiel d’origine ivoirienne et vivant en Belgique. Politique, économie, culture, histoire, musique… rien ne sera oublié car nous sommes un média généraliste.

D’ailleurs je vous invite à vous abonner dès maintenant à notre page Instagram : @africainevisionint pour découvrir nos articles et certaines de leurs productions, vous y trouverez le lien vers notre nouvelle chaîne YouTube. Le site internet sera fonctionnel d’ici quelques semaines. Un système d’abonnement payant sera mis en place comme sur les sites d’information Le Figaro ou Libération. L’option d’un magazine papier annuel est envisagée.

Quelle est l’équipe derrière ce travail ?

Mon média est composé d’une quinzaine de collaborateurs répartis entre la France, la Belgique et le continent africain. Mais à la direction, nous sommes trois : Moi en tant que président-fondateur, Evelyne Boma (d’origine ivoirienne) est vice-présidente tout comme Gloria Mukolo (d’origine rwando-congolaise). Nous gérons également la trésorerie du média.

Quels sont les principaux objectifs ?

« Une meilleure posture pour un meilleur futur. » C’est notre slogan ! L’Afrique est en proie à tellement d’anomalies donc on se doit d’avoir une posture engagée car il y a des choses qui se passent sur le continent qu’on ne peut que déplorer. Notre jeunesse doit comprendre les enjeux et les défis attendus. Les articles de notre média, l’Afrique Vision international, se distinguent d’autres médias. Récemment, je lisais un article de Jeune Afrique sur le conflit entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, qui mentionnait le fait que l’ancien président français Nicolas Sarkozy s’était rendu à Kinshasa pour servir de médiateur au dialogue.

C’est un secret de polichinelle que Sarkozy est un proche de Paul Kagame donc comment pourrait-il être impartial ? Et ce qu’on demande à la justice ou a une personne qui va jouer un rôle de médiateur c’est d’être impartial. Les Occidentaux veulent faire du Rwanda un modèle pour l’Afrique… Un modèle qui se nourrit du sang des Congolais. L’Afrique de demain a besoin de plus de vérités.

Quels sont les défis rencontrés ?

Parfois, les gens ont du mal à suivre des contenus plus poussés en matière de réflexion et tournés vers la conscientisation. Sur les sujets liés à la musique, on ressent beaucoup d’euphorie mais parfois quand il s’agit de sujet “plus sérieux”, l’étau se resserre. Mais certaines réactions sont de bon augure pour l’avenir.

Comment vois-tu l’avenir avec la plateforme ?

Si tout se passe comme prévu, notre avenir sera radieux par la grace de Dieu. Je sais où nous devons aller. À nous de tout mettre en œuvre pour atteindre nos objectifs grâce à la qualité de nos contenus et à une communication solide.

Quelles sont les ambitions de votre structure ?

Devenir une référence au niveau continental. Avant, Jeune Afrique en était une. Mais si aujourd’hui, on demande aux Africains conscients si Jeune Afrique est une référence, les gens ne répondront pas de manière positive. Avec L’Africaine Vision International, nous voulons devenir le média vers lequel les Africains se tournent. On souhaite faire accroître notre influence dans le digital, nous avons déjà un joli nombre d’abonnés sur les réseaux. Nous voulons gagner le cœur des Africains peu importe l’endroit où ils sont, pour ce faire, on propose notamment des articles en langue étrangère en fonction des pays concernés par le sujet d’actualité. Ça fait mal de voir nos chefs d’Etat africains ou personnalités publiques passer sur France 24, BBC Afrique, TV5 monde, tous ces médias étrangers. 

Dans notre média, on aimerait inviter des politiciens, artistes et autres figures. Notre regard se tourne aussi vers les leaders panafricains tels que Nathalie Yamb et Kemi Seba. Ils portent un message que de nombreuses personnes partagent. Avant de critiquer, il faut approcher les gens, le profil de Kemi Seba est peint comme un raciste anti-blanc proche des Russes par plusieurs médias dont Jeune Afrique. Pourquoi ne pas plutôt démystifier l’image de la personne, lui poser des questions sur des points où il est mal compris. Les idées de Kemi Seba sont lumineuses et je le considère comme une sorte de “prophète”. Les médias doivent lui donner l’occasion de gommer certains jugements malhonnêtes à son égard.

Tu interviens souvent dans d’autres médias pour apporter le regard de l’Africaine ? 

Effectivement, j’interviens sur d’autres chaînes de radio et de télévision, ce qui me permet de leur apporter une analyse décryptée du point de vue de la jeunesse actuelle. On a l’habitude de voir nos aînés en costume et cravate parler politique. Mais il y a du changement avec cette volonté d’apporter un regard nouveau et de s’ouvrir aux autres. C’est pour cette raison que j’ai accepté l’invitation de la chaîne Belgo-maghrébine “Arabel”, située à Bruxelles. J’ai reçu d’autres invitations de Londres, de Suisse etc. Si des médias mexicains, chinois veulent parler de l’Afrique, de la vision de sa jeunesse et de certains enjeux, je reste ouvert.

Extrait vidéo du passage de Stéphane Dos Santos chez Arabel 

Sur le plan politique, économique et social, comment penses-tu que la jeunesse africaine d’Europe peut s’investir pour justement « redorer le blason de l’Afrique » ?

Sur le plan politique, l’apport de la jeunesse de la diaspora est primordial. Il faut s’intéresser à la politique et préparer les futures générations tout en allant sur place. Il est important d’aller auprès de ses partis politiques, insister pour que notre savoir et notre savoir-faire puissent optimiser le bon déroulement de  la vie politique sur le continent africain. Plus on est, mieux c’est. Sur le plan économique, on aura besoin des entrepreneurs et des expertises des uns et des autres dans des domaines divers.

Le destin a permis qu’on soit ici en Europe, on assiste donc à la naissance d’entreprises, on les voit croître et se pérenniser. Il faut utiliser tous ces outils et créer un environnement propice à la croissance de l’économie en Afrique. Sur le plan social, par exemple, il y a un fragment avec la jeunesse sur place et de nombreux jeunes qui sont perdus. Il faut donc optimiser leur encadrement et leur accompagnement puis leur faire comprendre qu’il n’y a pas forcément besoin d’aller dans des pays à risque, je pense au pays du Maghreb avec la montée des actes racistes. Proposer une alternative différente et cohérente sera important. 

Comment as-tu commencé ton engagement politique ? 

Depuis 2017, à l’âge de 22 ans, je me suis engagée dans le secteur associatif angolais en tant que secrétaire général de l’association des étudiants angolais de France. Mouvement qui a été rebaptisé « Alliance des patriotes innovants pour l’Angola », une pépinière d’idées et d’initiatives en faveur de l’Angola. En parallèle, je participe à plusieurs réunions avec l’Ambassade d’Angola. Sur le long terme, je n’exclus pas l’idée de faire de la politique en occupant des fonctions institutionnelles, je suis d’ailleurs en contact avec un parti politique sur place. Avec l’Africaine, nous faisons déjà un peu de politique, à notre échelle, en sensibilisant et en rassemblant les gens. Pour moi, celui qui travaille sur les consciences peut libérer un peuple.

Stéphane Dos Santos, président- fondateur du média l’Africaine Vision International et l’Ambassadeur d’Angola en France João Bernardo de Miranda en août 2022 à Paris.

Est-ce que tu penses incarner une nouveauté en politique pour l’Angola ?

Vous savez, lors de mes différents voyages à travers le monde ou après chaque émission ou interview, les gens me demandent toujours pourquoi je ne m’engage pas en politique, donc c’est resté dans un coin de ma tête. En Angola, depuis 1975, le parti au pouvoir est le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), qui a joué un rôle majeur dans l’émancipation de l’Angola du joug portugais comme le FNLA et l’UNITA. L’opposant principal au MPLA est l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) un parti qui a toujours voulu valoriser les Angolais et assurer leur bien-être ainsi que l’épanouissement de la jeunesse. Il y a aussi d’autres partis comme “Casa CE” et le  Front national de libération de l’Angola (FNLA). Depuis 1975, l’Angola en a connu des vertes et des pas mûres dans tous les domaines, même dans l’exercice démocratique… 

Cependant, un certain renouveau est en train de s’opérer. En Angola, je pense que ma génération verra “la terre promise”. Dans la Bible, Moïse s’est bien “battu” pour que son peuple y aille, mais c’est Josué qui y est entré. En Angola, des gens comme Agostinho Neto, Jonas Savimbi et Holden Roberto se sont battus d’une manière ou d’une autre pour que ma génération puisse jouir d’une terre fructueuse à tous points de vue. J’aime prendre cet exemple parce qu’il reflète la matérialisation d’une vision. De nombreux dirigeants ne se soucient pas du peuple, mais moi, j’ai les intérêts du peuple à cœur. J’ai une certaine connaissance du pays qui ne fera que croître avec le temps, je connais les problèmes socio-économiques et j’ai une vision. Alors oui, moi et d’autres avons notre mot à dire, notre contribution à apporter au pays.

Où te vois-tu dans 10 ans ?

Je me vois à la tête de cette entreprise qu’est l’Africaine Vision International, sillonner l’Afrique et palper certaines réalités. Avoir un pied beaucoup plus ancré dans mon pays, œuvrer à ma manière pour la réalisation des rêves des pères de l’indépendance des pays africains. Peut-être que dans dix ans, j’aurai embrassé où je me préparerai à embrasser une autre forme de la vie politique ?

Dans dix ans, je me vois révéler des journalistes de talent à travers notre média et réaliser ma vision sans trahir l’éducation que j’ai reçue de ma famille. Surtout, je me vois être un mari dévoué à ma sublime épouse et à nos futurs enfants, Je me vois être un grand frère exemplaire pour mes nombreux petits frères et sœurs, nous n’utilisons pas le terme « cousins », j’ai une très grande famille. Par-dessus tout, l’un de mes rêves est d’aider le plus grand nombre de personnes possible, les orphelins, les veuves, les sans-abri… Redonner l’espoir à ceux qui l’ont perdu.

Pour en savoir plus sur le travail de Stéphane Dos Santos :

Le média l’Africaine Vision International est sur Instagram : @africainevisionint :

Youtube : L’Africaine Vision International TV

Twitter : @AfroVisionInt

Instagram personnel : @stephane_dossantos_officiel

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