France : Inauguration de l’Espace santé Denis Mukwege et conférence sur les violences sexuelles à Cergy

Par Kapinga-Sephora Lukoki

A Cergy, dans la commune du Val d’Oise, la municipalité a inauguré le 6 juin dernier l’Espace santé Denis Mukwege. Après neuf années de travail, ce projet s’est enfin concrétisé. L’établissement de 700m2 est composé d’un Espace santé pluridisciplinaire et de la maison prévention santé. La lettre contre la désertification médicale est l’objectif principal. 

Le puissant parcours du Docteur Denis Mukwege, symbole de la lutte contre les violences sexuelles

Près de la gare, il était possible de voir au loin la foule en direction de la salle du Douze pour participer  à la conférence du Docteur Mukwege sur « le viol comme arme de guerre et la prise en charge holistique de Panzi » organisée par la ville de Cergy en partenariat avec les associations la Meuf et Apeo (association pour les enfants oubliés).

Pourquoi le choix du Docteur Mukwege dans cette ville de Cergy ? Il s’agit de « rendre hommage à l’un des plus grands alliés de la lutte contre les violences sexuelles » affirme dans son discours Hawa Fofana, adjointe au maire déléguée à l’égalité, Droits des Femmes et lutte contre les discriminations, qui a eu l’idée de proposer au maire de nommer l’Espace Santé par le nom du Docteur.  Comme elle l’écrit sur l’une de ses publications sur le réseau social Instagram datant du 7 juin « donner le nom du Docteur Denis Mukwege, c’est le choix de saluer le chirurgien gynécologue de renommée mondiale, fondateur et le directeur de l’hôpital Panzi à Bukavu, en République démocratique du Congo (RDC). C’est celui d’honorer un féministe militant, grand défenseur des droits des femmes et qui mène une lutte acharnée pour condamner les viols et les violences sexuelles subis par les femmes de son pays et du monde. 

Cette rencontre publique est l’occasion de mettre en lumière ces atrocités qui se déroulent en République démocratique du Congo depuis près de 30 ans. Les victimes vont de 6 mois à 70 ans. Des bébés, petites filles, jeunes femmes, mères sont la cible d’une barbarie sans nom pour des intérêts économiques. Dans son exposé, devant une salle pleine d’environ 680 personnes, le Dr Mukwege, célèbre gynécologue et prix Nobel de la Paix est tout d’abord revenu sur la cause des violences. Après plusieurs recherches, il a été trouvé que les victimes viennent des zones où les conflits armés étaient présents et les conflits se produisent où il y a des minerais. 

Cette insécurité pousse les populations à fuir leurs foyers. Selon le rapport du Bureau de des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en République démocratique du Congo publié le 5 avril, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays s’élève à 6,2 millions dont 65% en Outre et au Nord-Kivu.

Cette crise est la plus meurtrière depuis la seconde guerre mondiale mais celle qui bénéficie de la plus faible couverture médiatique. Plus de 6 millions de morts passés sous silence dans l’indifférence de la communauté internationale. 

Les violences sexuelles et mutilations génitales entraînent de lourdes conséquences dans la communauté :  « destruction du tissu social et de la vie familiale » comme l’explique le Prix Nobel de la Paix. Souvent les femmes sont exclues à cause de ce qu’elles ont vécu. L’hôpital Panzi propose donc une prise en charge holistique avec un accompagnement personnalisé à chaque étape. Ce qui fait la différence dans le modèle de Panzi c’est la prise en charge médicale, psychologique, socio-économique et une assistance juridique. Elles terminent par construire leur propre maison. 

Cette prise en charge complète s’accompagne d’un véritable suivi avec le modèle appelé One Stop center. Un lien fort s’installe entre les survivantes car elles travaillent main dans la main et se reconstruisent ensemble. Selon les analyses, le soutien familial est un vecteur de guérison plus rapide. Si la victime est accompagnée par sa famille, les résultats seront différents. Les enfants bénéficient également d’un programme précis et sont scolarisés. 

La sensibilisation sur les droits des femmes est indispensable et elle doit continuer dans tous les milieux : provinces comme villes. »Le premier pas, le plus important dans la lutte contre les violences sexuelles, c’est d’en parler » comme le souligne le gynécologue dans son livre autobiographique « La force des femmes ». 

En parler pour lutter contre cette impunité qui met enferme le pays dans un cycle de violence inouï.

Cette soirée s’est achevée par une remise de don de l’association « La Meuf » au Docteur Mukwege. L’association Apeo de Solange Mer a proposé des sacs confectionnés par les survivantes. Les dons leur seront reversés. La conférence était donc un appel à se joindre à un combat collectif celui de la lutte contre les violences sexuelles en République démocratique du Congo et partout dans le monde. 

Retour sur les réactions après la conférence : 

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